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SUR DU GUESCLIN.

Grenesay, qui relevoit du roy d’Angleterre. Yvain de Galles, qui commandoit la flote françoise et qui ne demandoit qu’à se venger de l’outrage qu’il pretendoit avoir reçu de son maître, qui l’avoit dépoüillé de tous les biens qu’il possedoit en son païs, voulut descendre dans cette isle pour s’y dédommager de touttes ses pertes. Il alla donc débarquer au port Saint Pierre. Ceux de l’isle crierent aux armes, et se mirent en devoir de se bien defendre.

Il y avoit là quelques six vingt Anglois qui, chargez d’un gros butin qu’ils menoient à Londres, se rafraîchissoient dans cette isle, qu’ils regardoient comme un entrepost, en attendant qu’ils cinglassent en Angleterre, pour y transporter touttes les dépoüilles qu’ils avoient amassées en écumant et piratant sur touttes les mers. Les François les attaquerent vivement et les pousserent avec tant de vigueur, qu’ils les obligerent de se réfugier dans un château. Cet asyle prétendu ne leur fut pas d’un grand secours, et n’empêcha pas que cette isle ne fût pillée, saccagée, dépoüillée de tout ce qu’elle avoit de meilleur et de plus riche. Ivain de Galles y fit un fort bon butin, qui servit à le consoler un peu de la misère où l’injustice de son Roy l’avoit mis. Les François après avoir fait le sac de Grenesay se presenterent devant une autre isle qui relevoit encore des Anglois, et qui craignant d’essüyer le même sort que la premiere, aima mieux se saigner et fournir de grosses sommes pour se racheter du pillage qu’elle ne pouvoit pas autrement éviter. Ivain de Galles se remit en mer après s’être enrichy luy et ses François de la dépoüille de ces deux isles, et cinglant toûjours dans le dessein de