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SUR DU GUESCLIN.

suspect, il falloit leur proposer de députer quelques-uns d’entr’eux pour aller à Seville s’informer de la verité du fait, si Pierre étoit mort ou non.

Cet expedient étoit tout à fait bien trouvé. L’archevêque eut ordre de s’aller presenter aux portes de la ville qui luy furent aussitôt ouvertes pour le faire entrer. Il leur fit une remontrance si pathetique, et des sermens si sinceres et si grands, que le gouverneur même n’osant plus douter de tout ce qu’il disoit, invita tous les bourgeois à reconnoître Henry pour leur maître et leur souverain, puis que Pierre étoit mort. Chacun témoigna l’empressement qu’il avoit à luy rendre hommage. Henry fit son entrée dans Tolede où il fut reçu de ses nouveaux sujets avec beaucoup de respect et de joye. Le commandant luy présenta les clefs de sa place avec bien de la soûmission, que ce prince luy rendit genereusement en l’exhortant de luy être fidelle à l’avenir, comme il avoit été au roy Pierre. La reddition de Tolede mît Bertrand dans une entière liberté de se rendre en France, et de prendre congé d’Henry, qui luy fit de fort beaux presens pour reconnoître les importans services qu’il luy avoit rendus, et qui n’alloient à rien moins qu’à luy remettre la couronne sur la tête. Il le pria de trouver bon qu’il luy donnât quatre chevaliers qui le suivroient jusqu’à la cour de France, pour presenter à Sa Majesté beaucoup de joyaux et de fort beaux bijoux qu’il avoit dessein de luy envoyer, l’assûrant que quand il auroit conquis le reste de l’Espagne, il mettroit en mer une fort belle flote pour le secourir contre les Anglois ; et comme Bertrand faisoit état de mener avec soy son frère Olivier, les deux Mauny,