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ANCIENS MÉMOIRES

la Houssaye, Carenloüet, et Guillaume Boitel pour l’expedition qu’il alloit faire en France, Henry luy témoigna qu’il luy feroit plaisir de luy laisser au moins le Besque de Vilaines, et son fils, afin qu’il pût achever avec eux les conquêtes qu’il avoit à faire pour se rendre le maître absolu de toutte l’Espagne. Bertrand y donna les mains volontiers, et se separa de ce prince avec touttes les demonstrations de tendresse et d’amitié, ne pouvans tous deux retenir leurs larmes, comme s’ils avoient un pressentiment de ne se revoir jamais plus.

Guesclin prit d’abord le chemin de sa duché de Molina pour y mettre ordre à ses affaires, avant que de partir pour France. Il dépêcha toûjours en attendant, un courier au Roy pour le prier de luy pardonner, s’il avoit jusqu’icy tardé si longtemps à le venir joindre avec touttes les forces qu’il alloit amasser avec toutte la diligence qui luy seroit possible, l’assûrant qu’il entreroit au plûtôt dans son royaume par l’Auvergne et par le Berry, pour donner bataille aux Anglois, et les dénicher de la France. Le Roy perdoit patience, et luy envoyoit couriers sur couriers, afin qu’il se hâtât de venir incessamment. Enfin, pour le presser encore davantage, il dépêcha messire Jean de Berguettes, son grand chambelan, pour luy venir donner avis qu’il n’y avoit point de temps à perdre ; que la France avoit plus besoin que jamais d’un fort prompt secours, depuis qu’il étoit entré dans la Picardie plus de vingt mille Anglois, sous la conduite de Robert Knole, et que Thomas de Grançon, Hugues de Caurelay, Cressonval, Gilbert Guisfard, et Thomelin Tolisset, avec beaucoup d’autres generaux avoient déjà percé jusques