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SUR DU GUESCLIN.

valeur et à son experience, se sçut fort bon gré de touttes les louanges que le maréchal luy donna, et l’assura qu’il iroit de ce pas en France avec luy ; que pour cet effet il alloit faire charger son bagage et son équipage, afin de ne plus retarder son départ, et qu’il étoit persuadé que si le Roy vouloit être bien servy dans la guerre, il falloit commencer par bien payer les soldats qui s’enrôleroient sous ses enseignes, et que si Sa Majesté luy donnoit la dignité de connétable, il n’en vouloit recevoir l’épée qu’à ce prix. Il fit ensuite un festin fort superbe à ce maréchal, qu’il regala magnifiquement, et montans à cheval ensemble, ils firent une si grande diligence qu’ils arriverent en peu de temps en la comté de Foix. Bertrand n’étoit suivy que de cinq cens hommes, mais tous gens de choix et d’elite. Le comte leur fit touttes les honnêtetez imaginables, jusques là même qu’ayant appris qu’ils venoient chez luy, il voulut aller au devant d’eux pour leur faire honneur. Il ne se contenta pas de les avoir bien regalez, il poussa la civilité jusqu’à les conduire en personne jusqu’à Motendour. Il fit mille caresses à Bertrand, luy disant qu’il ne connoissoit point au monde un plus grand capitaine que luy, dont il avoit tous les sujets du monde de se loüer beaucoup, mais non pas de son frère, qui, servant sous le comte d’Armagnac, son ennemy, luy avoit causé beaucoup de dommage et de trouble.

Bertrand disculpa son frère[1] auprés de ce prince, en luy témoignant qu’il n’avoit fait que son devoir ;

  1. Ce frère étoit Olivier Du Giiesclin, que notre héros rappella auprés de lui, sitôt qu’il eût rétabli la paix, entre les comtes de Foix et d’Armagnac.