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SUR DU GUESCLIN.

tous les chefs et les principaux seigneurs de l’armée, dont étoient le comte de Saint Paul et son fils, le seigneur de Raineval et Roulequin, son fils, Oudard de Renty, le maréchal d’Andreghem, Olivier de Clisson, Jean de Vienne et les deux Mauny. Le trompette de Bertrand presenta celuy de Thomas de Granson, disant à son maître qu’en revenant du Mans, où il luy avoit commandé d’aller, il avoit rencontré dans son chemin ce garde, dont il avoit appris que le general anglois l’envoyoit auprés de luy pour quelque affaire d’importance qu’il avoit à luy communiquer de sa part, et qu’il l’avoit prié de le luy présenter.

Bertrand se disposant à l’écouter, le trompette anglois luy fit son compliment avec beaucoup de respect et de soumission, commençant par le loüer de sa valeur et de la reputation qu’il avoit aquise dans les armes, dont le bruit étoit répandu dans toutte l’Europe. Après qu’il eut étably ces beaux préliminaires, il luy témoigna qu’il se presentoit une belle occasion de couronner touttes les grandes actions qu’il avoit faites, en acceptant le défy qu’il venoit luy faire de la part de Thomas Granson, qui luy demandoit qu’il luy marquât un jour auquel les deux armées pouroient en venir aux mains en bataille rangée ; que s’il refusoit de prendre ce party, l’intention de son maître étoit de l’attaquer de nuit ou de jour, sans garder aucunes mesures avec luy. Le trompette ayant achevé ces paroles, luy mit entre les mains la dépêche[1] de Thomas de Granson, qui ne chantoit que

  1. « Et tenez, (dit le Héraut), vecy la lettre que Thomas de Grançon vous envoyé. » Laquelle Bertran bailla à lire à un sien secretaire, à l’audience des barons, qui la estoient. Et contenoit ladite