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ANCIENS MÉMOIRES

il se lançoit au milieu des Anglois, écumant comme un sanglier, frappoit d’estoc et de taille sur eux, les abbattoit et les renversoit perçant les uns au défaut de la cuirasse, et soulevant le juste au corps des autres, afin que son épee trouvât moins d’obstacle à les tüer, ne voulant faire quartier à pas un ny prendre personne à rançon. Le comte de Saint Paul, et son fils se signalerent dans cette chaude occasion ; le sire de Raineval, Galeran et Roulequin, ses fils, Oudard de Renty, Enguerrand d’Eudin, Alain et Jean de Beaumont, les deux Mauny, et les autres braves François y payerent tout à fait bien de leurs personnes, Thomas de Granson de son côté faisoit de son mieux pour encourager ses Anglois à ne pas reculer, leur promettant que pour peu qu’ils tinssent encore bon, la victoire leur seroit immanquable, parce que Geoffroy Ourselay s’en alloit sortir de son embuscade avec huit cens hommes pour envelopper Bertrand, et le charger à dos, et que si ce capitaine tomboit dans ses mains, comme il l’esperoit, il se feroit un merite de le presenter au roy Edoüard, son maître, qui recevroit avec plaisir un si redoutable prisonnier, qu’il ne rendroit pas pour tout l’or de la France.

Ourselay pensoit faire son coup, et prenoit déjà son tour avec ses gens, à la faveur d’un bois qui l’épauloit et le couvroit ; mais il fut bien surpris quand il se vit coupé par quatorze cens combattans qui luy tomberent sur le corps, et que menoit contr’eux Olivier de Clisson secondé des deux maréchaux d’Andreghem, et de Blainville et de Jean de Vienne. Comme la partie n’étoit pas égale, les Anglois voyans qu’ils alloient être accablez par la multitude, commencèrent à plier.