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l’on désire. Sur quoi le sieur de Bullion, poussant l’affaire plus avant, le pria de lui faire connoître ce qui pouvoit le satisfaire. Il demanda cinquante mille écus de pension, le gouvernement de Normandie, qui étoit lors vacant par la mort du duc de Montpensier, décédé dès le temps du feu Roi ; la survivance du gouvernement du Dauphiné, et de la charge de grand-maître pour son fils, qui n’avoit lors que quatre ou cinq ans ; et, de plus, qu’on l’acquittât de deux cent mille écus qu’il devoit à M. de Savoie, à cause du duché de Montafia appartenant à sa femme, qui étoit dans le Piémont. Ces demandes étoient grandes, mais elles sembloient petites au chancelier, aux sieurs de Villeroy, président Jeannin, et à la Reine, qui n’en furent pas plutôt avertis par Bullion, que Sa Majesté envoya querir ledit sieur comte pour les lui accorder de sa propre bouche.

Ainsi M. le comte fut content et entra dans les intérêts de la Reine, auxquels il fut attaché quelque temps.

Ce prince ne fut pas plutôt en cet état, que les ministres résolurent avec lui le traité d’un double mariage entre les Enfans de France et ceux d’Espagne.

Au même temps il se mit en tête d’empêcher que M. le prince, qui étoit à Milan, ne revînt à la cour. La Reine et les ministres l’eussent désiré aussi bien que lui ; mais il étoit difficile d’en venir à bout par adresse, d’autant que ledit sieur prince se disposoit à revenir : il n’y avoit pas aussi d’apparence de le faire par autorité, la foiblesse du temps ne permettant pas d’en user ainsi.