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son service, et partant avouoit tout ce qu’ils avoient fait, et ne vouloit pas qu’ils en pussent être jamais recherchés. Tout cela ne put pas faire retirer M. le prince, qui muguettoit cette ville, et auquel la lâcheté du gouvernement passé faisoit peu appréhender l’avenir.

M. de Villeroy persistoit au conseil généreux qu’il avoit toujours donné, qui étoit que le Roi et la Reine s’acheminassent en ces quartiers-là ; joint que M. de Vendôme, qui étoit en Bretagne, n’obéissoit non plus que s’il n’eût point signé le traité.

M. le chancelier étoit d’un avis contraire, auquel le maréchal d’Ancre et sa femme se joignoient ; et la chose se traitoit avec tant d’animosité de part et d’autre, qu’il y eut beaucoup de paroles d’aigreur entre eux et ceux qui étoient d’avis du voyage.

Mais enfin la Reine, s’étant mal trouvée des premiers conseils de M. le chancelier, et d’avoir voulu éviter le naufrage en cédant aux ondes, suivit pour cette fois le conseil de M. de Villeroy, nonobstant tous les offices du maréchal et de sa femme, et se résolut de résister au temps, faire force à la tempête, et mener le Roi à Poitiers et en Bretagne. Elle le fit partir le 5 de juillet. Le maréchal et sa femme, s’estimant ruinés, n’osèrent accompagner Leurs Majestés en ce voyage, mais demeurèrent à Paris.

La Reine étant arrivée à Orléans, dépêcha M. du Maine vers M. le prince, croyant qu’ayant été de son parti il avoit plus de pouvoir de le faire retirer ; mais son voyage n’eut autre fin, sinon que M. le prince, voyant le Roi s’approcher de lui, dit qu’il s’en alloit à Châteauroux, où il attendroit la satisfaction de l’of-