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où, non-seulement la justice avoit été violée au brisement de la prison du faubourg Saint-Germain, la sûreté de la personne du Roi méprisée par l’abandonnement de ses gardes, qui ont été tirés de leur faction pour employer à cet attentat, mais la majesté royale même foulée aux pieds en l’injure faite à son parlement, et tout cela à la vue des États.

La Refine n’étoit pas en état de prendre aucune résolution généreuse sur ce sujet, pour ce qu’elle n’avoit entière confiance en aucun des ministres, ni aucun d’eux aussi assez d’assurance de sa protection, pour lui oser donner un conseil qui le chargeât de la haine d’un grand, joint qu’elle étoit en défiance de M. le prince et de tous ceux de son parti, et partant avoit quelque créance aux ducs de Guise et d’Epernon ; ce qui fit qu’elle envoya au parlement le sieur de Praslin avec une lettre du Roi, par laquelle il leur commandoit de surseoir pour deux jours la poursuite de cette affaire, et que cependant il aviseroit de donner contentement à la cour. Ils en étoient déjà aux opinions quand il arriva ; néanmoins, ils ne passèrent pas outre, mais ordonnèrent que le parlement ne seroit point ouvert jusques alors.

Toute la satisfaction que le parlement en reçut, fut que le soldat fut remis dans la prison de Saint-Germain. Le duc d’Epernon alla trouver la cour le 29, où, sans faire aucune mention de l’affront qu’il lui avoit fait dans la grande salle et la galerie des Merciers, il dit simplement qu’il étoit venu au Palais ledit jour, pensant venir rendre compte à la cour de l’action de l’enlèvement du soldat ; mais que le malheur s’étoit rencontré qu’elle étoit levée, ce que les