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avoit la même volonté que lui, et ne désiroit pas, à son arrivée, le trouver encore à la cour, soit pour le respect de la bienveillance qui étoit entre eux de long-temps, soit qu’il ne s’estimât point assuré qu’il ne le vit actuellement dépossédé, et avoit fait supplier la maréchale, par son neveu Ribier, de lui vouloir procurer cette satisfaction.

Le chancelier, étant en chemin, communiqua son dessein au président Jeannin, et, comme l’espérance meurt toujours la dernière en nos esprits, et principalement à la cour, il pria le président Jeannin (parce que M. de Villeroy étoit alors à la conférence de Loudun) d’aller devant trouver la Reine, et savoir d’elle si le bruit que l’on faisoit courir de la venue du sieur du Vair étoit véritable, et lui rendre, en cette occasion, les derniers bons offices que son péril présent, qui leur pouvoit être commun bientôt après, lui devoit faire espérer de lui.

Le président Jeannin va trouver la Reine, elle lui dit ce qui en étoit. Il lui parla de différer ce changement : la Reine se montrant tout émue de ses paroles, il lui dit que M. de Villeroy et lui autrefois lui en avoient donné le conseil, mais qu’ils ne le jugeoient plus nécessaire depuis les protestations qu’il leur avoit faites de vouloir suivre leur avis, et leur être tellement soumis qu’il ne feroit plus rien que ce qu’ils voudroient, dont ils avoient sujet d’être assurés, puisqu’il n’avoit plus auprès de lui le commandeur de Sillery et Bullion. À quoi la Reine, pour toute réponse, lui demanda si c’étoit ainsi qu’il gouvernoit les affaires du Roi par ses intérêts particuliers, et, dès le lendemain, fit faire commandement