Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/404

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princes et seigneurs unis étoient retenus dans leur devoir, au moins en apparence, par ce dernier traité. M. de Nevers seul apporta de nouveaux troubles, fit des levées de gens de guerre, s’assuroit de ses amis, alla plusieurs fois consulter à Sedan le démon des rebellions, et mit des gens de guerre dans Mézières, Rethel, La Cassine, Château-Portien, Richecourt, et autres places de son gouvernement, sans permission du Roi, dont les plus sages, qui ne considéroient pas son esprit, étoient étonnés, attendu les forces que le Roi avoit prêtes, auxquelles il ne pouvoit faire aucune résistance s’il les eût voulu employer contre lui.

La Reine employa tous les moyens qu’elle put pour lui faire connoître sa faute ; elle dépêcha vers lui M. Marescot, maître des requêtes, lequel n’ayant rien avancé, elle me fit l’honneur de me choisir pour y faire un voyage de la part de Sa Majesté, croyant que j’avois quelque dextérité par laquelle je pourrois ménager son esprit et le ramener à la raison ; mais tout cela fut en vain, car il n’en étoit pas capable. Il continuoit en ses mauvais desseins ; on en avoit avis par les gouverneurs des places de la province, qui demandoient qu’on renforçât leurs garnisons, et protestoient qu’ils ne seroient pas responsables de la perte desdites places s’il en mésavenoit.

La Reine, pour ne donner occasion à leur prétexte ordinaire qu’ils étoient opprimés et n’armoient que pour se défendre, étoit résolue de le laisser commencer ; et, s’étant contentée d’envoyer des commissaires en Champagne pour informer de ce qui s’y passoit, elle ne voulut pas même envoyer renfort de garnisons