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l’une et l’autre, fut aisé à persuader que c’étoit à lui à qui le maréchal en vouloit ; et tous ceux qui espéroient profiter dans ce changement poussoient à la roue, et augmentoient ses soupçons et ses craintes.

Il chercha premièrement toutes sortes de moyens pour s’assurer contre cet orage. Il fit proposer au maréchal qu’il lui donnât en mariage une de ses nièces qu’il avoit à Florence ; mais sa femme, qui étoit bien aise qu’il n’eût pas cet appui auprès du Roi afin qu’il dépendît toujours d’elle, n’y voulut jamais consentir ; et lui, qui savoit bien que c’était perdre temps de l’entreprendre contre son gré, et qui ne vouloit pas paroître dépendre d’elle, témoigna ne le désirer pas.

Se voyant refusé, il se tourna du côté de Barbin, et lui fit semblablement demander, par Marsilly, une de ses nièces en mariage pour le sieur de Brantes son frère ; et, sur ce qu’il répondit n’avoir rien pour donner à sa nièce, il lui dit qu’ils n’avoient que faire de bien ni l’un ni l’autre, que c’étoit le Roi qui vouloit ce mariage, et qu’il leur en donneroit assez à tous deux. Barbin le désiroit, et je le lui conseillois ; mais il s’arrêta sur ce qu’il n’en osoit parler à la Reine, s’assurant que le maréchal et sa femme ne manqueroient pas de se servir incontinent de ce moyen pour faire croire à Sa Majesté qu’il la trompoit. Se voyant, ce lui sembloit, rebuté de tous côtés, il crut que c’étoit par résolution prise de le chasser, et fit croire au Roi qu’on en vouloit à sa personne, que cela en étoit une preuve manifeste, qu’à cela tendoient les pensées du maréchal, et que l’impatience d’exécu-