Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/462

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qui s’en étoient présentées, en considération de quoi il me vouloit bien traiter.

Le sieur de Luynes, qui étoit auprès de lui, prit la parole, et dit au Roi qu’il savoit bien que j’avois plusieurs fois pressé la Reine de me donner mon congé, et qu’en diverses occasions j’avois eu brouillerie avec le maréchal sur des sujets qui concernoient particulièrement Sa Majesté, Il me fit ensuite beaucoup de protestations d’amitié. Je repartis à ce qu’il lui avoit plu de me dire à la vue de tout le monde, qu’assurément il ne seroit jamais trompé en la bonne opinion qu’il avoit de moi, qui mourrois plutôt que manquer jamais à son service ;

Que je confessois ingénument avoir toujours remarqué peu de prudence au maréchal d’Ancre et beaucoup d’inconsidération ; mais que je devois cet hommage à la vérité, de dire, en cette occasion, que je n’avois jamais connu qu’il eût mauvaise volonté contre la personne de Sa Majesté, ni aucun dessein qui fût directement contre son service ; que je louois Dieu, s’il en avoit eu, de ce qu’il n’avoit pas eu assez de confiance en moi pour me les découvrir ; qu’il étoit vrai que j’avois plusieurs fois pressé la Reine de me donner mon congé ; mais que ce n’étoit point pour aucun mauvais traitement que j’eusse reçu d’elle, dont, tout au contraire, j’avois toute occasion de me louer, mais bien pour le peu de conduite qu’avoit le maréchal, les soupçons perpétuels qu’il avoit de ceux qui l’approchoient, et les mauvaises impressions que je craignois qu’il donnât de moi à la Reine. J’ajoutai que je devois dire, avec la même vérité, que les sieurs Mangot et Barbin avoient eu les mêmes sentimens