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En diverses occasions elle reçoit des preuves de l’affection du Roi, qui la contentant en beaucoup d’autres, elle lui rend des témoignages de son amour qu’il satisfait.

Un jour allant à Saint-Germain avec le Roi, le cocher qui les menoit ayant été si malheureux que de les verser, au passage d’un bac, dans la rivière, du côté de la portière où elle étoit, elle se trouve en si grand péril de sa vie, que si le sieur de La Châtaigneraie ne se fût promptement jeté dans l’eau, du fond de laquelle il la retira par les cheveux, elle se fût noyée. Mais cet accident lui fut extrêmement heureux, en ce qu’il lui donna lieu de faire paroître que les eaux qui l’avoient presque suffoquée, n’eurent pas la force d’éteindre son affection pour le Roi, dont elle demanda soigneusement des nouvelles au premier instant qu’elle eut de respirer.

Ses premières pensées n’ayant autre but que de lui plaire, elle se fait force pour se rendre patiente en ce en quoi non-seulement l’impatience est pardonnable aux femmes les plus retenues, mais bienséante.

Les affections de ce grand prince, qui lui étoient dues entières, sont partagées par beaucoup d’autres.

Plusieurs esprits malins ou craintifs lui représentent les suites de ce partage périlleuses pour elle ; mais, bien qu’on ébranlât la confiance qu’elle a en lui, on ne peut tout-à-fait la lui faire perdre : sans considérer les accidens qui lui pouvoient arriver de l’excès des passions où souvent le Roi se laissoit transporter,


    lippe iv, roi d’Espagne ; Christine, mariée à Victor-Amédée, prince de Piémont, depuis duc de Savoie ; Henriette-Marie, mariée à Charles i, roi d’Angleterre.