Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/584

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à Limoges, se préparoit puissamment, assemblant tout ce qu’il pouvoit de gens de guerre pour aller attaquer Uzerche, où le duc d’Epernon avoit mis garnison. Il estimoit lui-même que ce poste étoit si nécessaire à Angoulême qu’il le falloit conserver assurément. Il conseilla à la Reine d’écrire au Roi, ce qu’elle fit, pour le supplier de ne point faire attaquer cette place, qui lui étoit nécessaire pour sa sûreté, jusqu’à ce qu’elle lui eût pu faire entendre les choses qu’elle avoit à lui représenter, ainsi qu’elle lui avoit mandé auparavant.

Le Breuil, capitaine du régiment de Piémont, homme de grand cœur et de fidélité égale, étoit dans l’abbaye qui tient lieu de château, avec trente ou quarante hommes seulement. Plusieurs s’offrirent à se jeter dans la ville. Chambret, entre autres, huguenot assez connu par les bonnes actions qu’il avoit faites du temps du feu Roi, homme déterminé, et qui savoit le métier de la guerre parfaitement, demande cinq cents hommes de pied et cent chevaux, pour se jeter dans cette place et la garder contre de bien plus grands efforts que ceux du comte de Schomberg.

Le duc d’Epernon, aussi jaloux qu’irrésolu en ce qu’il vouloit faire, ne put se résoudre ni à laisser faire cette action à autrui, ni aussi à y aller lui-même assez à temps pour faire l’effet qui étoit désiré. Il différa tant, que le jour qu’il partit avec cinq cents chevaux et deux mille hommes de pied, en résolution de combattre le comte de Schomberg, le même jour ledit comte étoit arrivé à Uzerche, avoit emporté la ville par l’intelligence des habitans, et l’abbaye par la har-