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vouloit aller voir faire la montre, à une lieue d’Angoulême, au régiment de ses gardes qui étoit commandé par le marquis de Mosny. Là se trouveroient trois ou quatre compagnies de chevau-légers, qui étoient assurées à Russelay, pour être vues de la Reine, qui, au même temps, prieroit le duc d’Epernon de ne point trouver mauvais si elle se retiroit d’Angoulême pour s’en aller à Brouage, où le sieur de Saint-Luc la devoit retirer ; qu’incontinent après la retraite de la Reine, le Roi s’avanceroit avec ses forces, et déposséderoit sans difficulté le duc d’Epernon d’Angoulême et de Xaintes, et traiteroit d’autant mieux la Reine, qu’il sauroit qu’elle auroit favorisé le châtiment d’une personne qui avoit desservi Sa Majesté.

Cette proposition sembla non-seulement si extravagante, mais si méchante à la Reine, qu’elle la rejeta de son propre mouvement : ce en quoi je la fortifiai autant qu’il me fut possible après qu’elle m’eut fait l’honneur de me la communiquer, lui faisant voir que toute la malice d’enfer n’eût su lui en suggérer une plus propre de la perdre en toutes façons. Cet esprit désespéré, se voyant débouté de ses prétentions, corrigea sa proposition, suppliant seulement la Reine de se tirer des mains du duc d’Epernon, avec son consentement, pour se mettre à Brouage. La Reine prit temps de penser à cette ouverture, laquelle on lui fit voir très-mauvaise ; premièrement, pour ce que Brouage étoit lors en si mauvais état que la place n’eût su soutenir quinze jours l’effort de la puissance du Roi ; secondement, pour ce que la fidélité du sieur de Saint-Luc lui étoit fort peu assurée, Comminges étant déjà venu en divers