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renouer une étroite et entière intelligence. Mais ce n’étoit rien au prix de la croyance et des lettres que le sieur évêque d’Aire lui portoit, pleines d’amour et d’impatience de la voir. Ces deux ambassadeurs, aussi différens dans le cœur que semblables en langage, et dont l’un trompoit autant que l’autre étoit trompé, firent ce qu’ils purent, l’un en apparence, l’autre en effet, pour y disposer son esprit.

L’évêque de Luçon, prévoyant bien que Luynes promettoit ce qu’il ne vouloit pas tenir, et que, sur le refus, il vouloit tirer avantage de ses offres, porta la Reine à recevoir les prières de son fils pour de très-agréables commandemens. Mais comme elle s’y disposoit, on lui témoigne sous main qu’elle feroit chose désagréable au Roi, et qu’elle en devoit perdre le désir.

Mais en même temps, M. le prince, délivré, tient des langages qui lui sont désavantageux, lui écrit quelques lettres dont les termes sont du tout éloignés du respect qu’il doit au Roi et à elle. Il fait passer une déclaration du 9 de novembre, aussi avantageuse pour lui comme elle étoit contraire à l’honneur de ceux qui ont conseillé son emprisonnement, et désavantageuse à l’honneur et au service de Sa Majesté : car, par icelle, le Roi attribuoit la détention faite dudit prince à ceux lesquels, pour l’honneur qu’ils avoient lors d’approcher Sa Majesté, et de tenir de grandes charges et pouvoirs en son royaume, avoient tellement abusé de son nom et autorité, que, si Dieu ne lui eût donné la force et le courage de les châtier, ils eussent enfin porté toutes choses en une grande et déplorable confusion ; et Sa