Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/10

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de les mettre au-dessus des volontés du feu Roi, et de leur donner le pouvoir d’ordonner d’une chose de si grande conséquence. Elle alla donc au parlement, où, du consentement de Monsieur duc d’Orléans, et du prince de Condé, on la déclara régente, sans lui prescrire aucun conseil. La Reine y fut en grand deuil, et y mena le Roi, qui étoit à la bavette, porté par le duc de Chevreuse son grand chambellan, accompagné du duc d’Orléans son oncle, et du prince de Condé, premier prince du sang, des ducs et pairs, et des maréchaux de France, et de tout le conseil. Le chancelier Seguier fit une harangue digne de l’estime qu’il avoit acquise ; et après avoir exalté les vertus de la Reine, il rendit grâces au ciel d’avoir donné à la France une Régente de qui on devoit espérer la paix générale et le repos de l’État. Il demanda ensuite les voix sur l’article de la régence. Monsieur, oncle du Roi, tout d’un coup et sans hésiter donna la sienne en sa faveur, déclarant de sa propre volonté qu’il remettoit à la Reine tout le pouvoir que, comme frère unique du feu Roi, il pouvoit prétendre dans le royaume, pour rendre sa régence plus absolue et ses volontés sans bornes. Le prince de Condé dit à son tour que, puisqu’on le désiroit de cette manière, il y consentoit aussi. J’ai ouï dire à la Reine, sur ce consentement, qu’il n’avoit pas été si franc que celui de Monsieur ; qu’elle avoit remarqué sur son visage qu’il avoit eu de la répugnance à le donner : et la difficulté qu’il parut avoir à se résoudre lui fit avoir plus d’obligation à Monsieur, dont la puissance auroit été beaucoup plus grande si celle de la Reine avoit été bornée, comme elle l’au-