Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/127

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ques prérogatives qui mettaient différence entre sa famille et celle de Condé, lui accorda ce qu’il lui demanda. Madame de Longueville, qui avoit perdu son rang en épousant le duc de Longueville, et qui avoit pris un brevet du Roi par lequel il était conservé, voulut aussi se servir de cette occasion pour se rétablir dans le droit que lui donnoit le sang de Bourbon, et prétendit, en suivant la duchesse d’Enghien, faire ce qu’elle feroit.

Mademoiselle, étant avertie des desseins contre elle, ne voulut point se trouver au service de la reine d’Espagne sa tante. Quand l’heure fut venue de partir, elle dit qu’elle étoit malade, et qu’elle ne pouvoit sortir de chez elle. La Reine, d’abord qu’elle sut la difficulté qu’elle faisoit, en fut mal satisfaite ; elle envoya lui ordonner de partir, et en fit ses plaintes au duc d’Orléans. Ce prince la condamna, et désapprouva son procédé ; si bien que cette princesse se trouva dans cette occasion abandonnée non-seulement de la Reine, mais encore de Monsieur, son père, de qui elle soutenoit la grandeur en soutenant son rang. Mademoiselle, ne pouvant tenir ferme contre de si rudes attaques, céda malgré elle à la force, et alla à Notre-Dame s’exposer aux prétentions de ceux qui, pour avoir l’honneur d’être de ses parens, vouloient l’égaler. Elle avoit ordonné, en partant, que deux personnes de qualité porteroient sa robe ; mais aussitôt que le duc d’Enghien l’aperçut, il fit signe à un des siens de se joindre à celui qui déjà portait celle de Madame sa femme, qu’il portait lui-même par la main. Madame de Longueville, qui vit qu’en se mettant dans les chaires des chanoines Mademoiselle avoit voulu