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d’Entrées, le marquis de Souvré, de Seneterre et plusieurs autres portoient ses intérêts avec ardeur ; ils le servirent tous si puissamment auprès du cardinal, qu’encore que ce ministre eût sujet de l’appréhender, il le laissa long-temps vivre de cette manière : peut-être aussi afin de montrer qu’il ne craignoit rien, et qu’il vivoit dans une sûreté entière de sa faveur. Châteauneuf ne perdit pas de temps : il fit en ce lieu de nouvelles intrigues contre lui ; et le cardinal n’osant choquer tant de personnes qui le protégeoient, ou dédaignant de le pousser, il lui en arriva de grands maux, et le crédit de cet ennemi déclaré contribua sans doute beaucoup aux mauvaises aventures qui dans la suite de ce temps lui arrivèrent.

La faveur du cardinal s’établissoit toujours de plus en plus dans l’esprit de la Reine, et les Vendômes en eurent une véritable peur. Ils firent alors tous leurs efforts pour s’y opposer, et pour faire revenir en la Reine ses premiers sentimens. Mais l’opposition a cela de propre, qu’elle excite le désir et la volonté à la résistance et au combat. La Reine voulut défendre et maintenir son nouveau ministre par la force de la raison. Elle déclara ouvertement qu’elle vouloit s’en servir, et dit, à tous ceux qui lui en parlèrent, que sa politique lui avoit paru bonne de lui conseiller de ne pas entrer dans des desseins de vengeance, indigne d’une ame chrétienne et royale. Elle témoigna librement à quelques-uns de ses serviteurs qu’elle seroit bien aise qu’on s’accommodât à ses volontés ; et, sans trop écouter l’évêque de Beauvais, elle mon-