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de puissance déplut à tous, et fit que les choses en quoi il pouvoit manquer par ses sentimens et sa conduite furent senties et blâmées avec trop de sensibilité et d’emportement.

Les courtisans, qui se dégoûtèrent bientôt après de ce ministre, l’accusèrent de ne pas faire assez de cas des gens de bien, et disoient que l’honneur, la probité et le mérite n’avoient point de prix dans son estime. En effet, le règne de la régence a été stérile en bienfaits, particulièrement pour les personnes fidèles et attachées au Roi et à cette princesse. Le cardinal Mazarin en avoit reçu toute sa grandeur, et ne lui en voulut laisser aucune part, pas même en apparence. Le désir et l’espérance des grâces et des bienfaits donne de grandes forces pour endurer les fourberies des ennemis, les bassesses des flatteurs, et les inquiétudes qu’on trouve dans les cabinets des rois. On a donc raison de se plaindre d’un siècle où souvent les maux ont été soufferts sans aucun soulagement ; mais comme la vie n’est qu’un mélange continuel de bien et de mal, ce ministre mérite des louanges de ce qu’il a su par son habileté et la force de son génie porter sa fortune jusqu’au dernier période de la grandeur, et de ce qu’il n a pas été cruel ; que le sang des courtisans a été épargné, et que jamais homme, avec tant d’autorité et parmi tant d’ennemis, n’a eu plus de facilité à pardonner, et n’a moins que lui rempli les prisons et les cachots.

Dans ces jours où l’intrigue occupoit toute la cour, le service du feu Roi se fit avec toutes les cérémonies accoutumées. Peu après, madame de Senecé, que la Heine avoit rappelée de son exil, revint à Paris ; elle