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dans les mêmes sentimens de galanterie et de vanité, qui sont de mauvais accompagnemens à l’âge de quarante-cinq ans. Ses rivaux et ses rivales dans la faveur avoient dit à la Reine qu’elle vouloit la gouverner ; et la Reine étoit tellement prévenue de cette crainte, qu’elle eut quelque peine à se résoudre à la faire revenir si vite, vu les défenses que le Roi lui en avoit faites : ce qui en effet étoit louable en la Reine, et qui lui devoit être d’une grande considération. Madame la princesse, qui haïssoit madame de Chevreuse, et qui étoit alors d’humeur approchante de celle de la Reine, avoit travaillé de tout son pouvoir à la dégoûter d’elle. L’absence, en quelque façon, avoit servi à détruire l’ancienne favorite dans l’esprit de la Reine, et la présence avoit beaucoup contribué à l’amitié, ou plutôt à l’habitude qu’elle avoit prise avec madame la princesse. Quand cette importante exilée arriva, la Reine néanmoins parut avoir beaucoup de joie de la revoir, et la traita assez bien. J’étois revenue à la cour depuis peu de jours. Aussitôt que j’eus l’honneur d’approcher de la Reine, j’en vis les sentimens sur madame de Chevreuse, et je connus que le nouveau ministre avoit travaillé autant qu’il lui avoit été possible à lui faire voir ses défauts, et à la lui faire haïr. La facilité qu’elle eut à la chasser tout de nouveau, pour avoir voulu s’opposer comme tous les autres à l’établissement du cardinal Mazarin, en furent des marques infaillibles.

Il semble qu’on pouvoit accuser madame de Chevreuse d’imprudence, puisqu’elle devoit suivre les inclinations de la Reine, qui l’avoit tant aimée, et à qui elle devoit un attachement indispensable ; mais