Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/88

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siéger, elle en partit avec précipitation pour aller à Exeter, où elle accoucha dans cette nécessité que je viens de représenter. Elle étoit malade d’une grande maladie qui avoit précédé sa grossesse, et peu en état de secourir le Roi son mari. En cette extrémité, elle fut contrainte de se mettre à couvert des maux dont sa personne et sa santé étoient menacées. Elle voulut venir en son pays natal boire des eaux de Bourbon, et chercher quelque sûreté pour sa vie. Elle fut reçue en France avec joie. Les peuples, qui la regardoient comme sœur, fille et tante de leurs rois, la respectèrent : et la Reine fut ravie de la pouvoir secourir dans ses malheurs, et de contribuer à les adoucir en tout ce qui étoit en son pouvoir, quoiqu’elle n’en eût pas été bien traitée, et en eût reçu de grands chagrins quand elle étoit encore en France : car cette princesse étant soutenue de la Reine sa mère, qui n’aimoit point la Reine, elle lui faisoit de ces petites malices qui sont de grands maux à ceux qui les reçoivent dans les temps présens, mais qui ne sont pas capables d’altérer l’amitié quand ils sont passés. Le roi d’Angleterre avoit contribué à l’adoucissement de ces dégoûts ; car depuis son mariage il avoit pris plaisir en toutes rencontres d’obliger la Reine, particulièrement en la personne de madame de Chevreuse pendant son exil : si bien que la reine d’Angleterre venant ici, la Reine eut une belle occasion de rendre en la personne de cette princesse affligée ce qu’elle devoit au roi d’Angleterre ; et ces deux princesses ayant changé de sentimens, l’une fut bien aise d’obliger l’autre : et celle qui fut bien reçue et bien traitée en témoigna une grande reconnoissance. La reine