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que ces peuples remirent sur pied par les conseils des mutins et des mécontens. Le roi d’Angleterre connut alors qu’il auroit bien fait de châtier ces peuples quand il avoit eu les armes en main, et qu’il étoit maître d’une puissante armée. Cela ne guérissoit pas le mal présent. Il fallut faire de secondes levées, et mettre sur pied une armée capable d’achever ce qu’il avoit manqué de faire l’année précédente. L’argent lui étoit nécessaire pour ce grand dessein : il fallut en chercher les moyens et les demander à ses peuples. Pour cet effet, il convoqua le parlement, et lui témoigna désirer qu’il imposât quelques subsides pour subvenir aux frais de la guerre. Le parlement témoigna peu de dessein de lui complaire. Il trouva que les demandes du Roi étoient trop fortes, et que le peuple en seroit surchargé. Par là les parlementaires commencèrent à le mettre en mauvaise odeur parmi les peuples, qui tous, et en tous pays, n’aiment point à donner de l’argent. Dans cette conjoncture il arriva qu’un secrétaire d’État en qui le Roi avoit de la confiance, et que la Reine même, le croyant fidèle, lui avoit donné, fit à ce prince, en haine de Strafford, vice-roi d’Irlande et premier ministre, une insigne trahison ; car ayant pris liaison avec les ennemis du Roi, et reçu ordre de lui d’aller au parlement de sa part porter ses volontés, il leur fit voir que le sentiment de ce prince étoit fort contraire à leur désir. L’intention du Roi avoit été de se contenter à bien moins qu’il n’avoit demandé, pourvu que ce moins lui fût accordé sûrement, et qu’il en pût faire état ; et comme le Roi se mettoit entièrement à la raison, il commanda à ce secrétaire d’État, si ce parlement ne