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DU CARDINAL DE RETZ.

supplée à l’esprit ; et cette routine, jointe à la manière que vous connoissez de M. de Turenne, et à la mine indolente de mademoiselle de Vendôme, fit que je pris le tout pour bon, et que je ne m’aperçus jamais de quoi que ce soit. Vous me permettrez, s’il vous plaît, de faire ici une petite digression, avant que j’entre plus avant dans la suite de cette histoire[1].

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Les conférences dont je vous ai parlé ci-dessus se terminoient assez souvent par des promenades dans les jardins. Feu madame de Choisy en proposa une à Saint-Cloud, et elle dit en badinant à madame de Vendôme qu’il y falloit donner la comédie à M. de Lizieux. Le bonhomme, qui admiroit les pièces de Corneille, répondit qu’il n’en feroit aucune difficulté, pourvu que ce fût à la campagne, et qu’il y eût peu de monde. La partie se fit : l’on convint qu’il n’y auroit que madame et mademoiselle de Vendôme, madame de Choisy, M. de Turenne, M. de Brion, Voiture et moi. Brion se chargea de la comédie et des violons ; je me chargeai de la collation. Nous allâmes à Saint-Cloud chez M. l’Archevêque ; mais les comédiens, qui jouoient le soir à Ruel chez M. le cardinal, n’arrivèrent qu’extrêmement tard. M. de Lizieux prit plaisir aux violons. Madame de Vendôme ne se lassoit point de voir danser mademoiselle sa fille, qui dansoit pourtant toute seule. Enfin l’on s’amusa tant, que la petite pointe du jour (c’étoit dans les plus grands jours de l’été) commençoit à paroître, quand on fut au bas de la des-

  1. Toute la digression, qui contenoit deux feuillets, est arrachée. (A. E.)