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MÉMOIRES

vous pouvez imaginer. Je fus plus heureux que sage : le Roi ne se fâcha point de mon refus, et il continua à me très-bien traiter. Cette circonstance, jointe à la retraite de M. des Noyers, qui donna dans le panneau que M. de Chavigny lui avoit tendu, réveilla mes espérances de la coadjutorerie de Paris. Comme le Roi avoit pris des engagemens assez publics de n’en point admettre, depuis celles qu’il avoit accordées à M. d’Arles, l’on balançoit et l’on se donnoit du temps, avec d’autant moins de peine que sa santé s’affaiblissoit tous les jours, et que j’avois lieu de tout espérer de la régence. Le Roi mourut[1]. M. de Beaufort[2], qui étoit de tout temps à la Reine, et qui en faisoit même le galant, se mit en tête de gouverner, dont il étoit moins capable que son valet de chambre. M. l’évêque de Beauvais[3], plus idiot que tous les idiots de votre connoissance, prit la figure de premier ministre, et il demanda dès le premier jour[4] aux Hollandais qu’ils se convertissent à la religion catholique, s’ils vouloient demeurer dans l’alliance de France. La Reine eut honte de cette momerie du ministre : elle me commanda d’aller offrir de sa part la première place à mon père[5] ; et voyant qu’il re-

  1. Le 14 mai 1643. (A. E.)
  2. François, fils de César de Vendôme ; il fut tué à Candie en 1669. (A. E.)
  3. Augustin Potier, oncle de René Potier, sieur de Blancmesnil, président au parlement. (A. E.)
  4. Il demanda dès le premier jour : Cette anecdote est fort suspecte, et porte même tous les caractères de la fausseté. Elle a été cependant répétée par plusieurs historiens.
  5. La première place à mon père : De tous les contemporains, le cardinal de Retz est le seul qui prétende que la place de premier ministre fut offerte à Philippe-Emmanuel de Gondy. Si le fait est vrai, il y a lieu de croire que cette