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MÉMOIRES

il avoit raison ; mais il la remarqua, et il n’avoit pas tort.

L’assemblée du clergé se tint ici en 1645. J’y fus invité comme diocésain, et elle se peut dire le véritable écueil de ma médiocre fortune.

M. le cardinal de Richelieu avoit donné une atteinte cruelle à la dignité et à la liberté du clergé dans l’assemblée de Mantes ; et il avoit exilé, avec des circonstances atroces, six de ses prélats les plus considérables. On résolut en celle de 1645 de leur faire quelque sorte de réparation, ou plutôt de donner quelques récompenses d’honneur à leur fermeté, en les priant de venir prendre place dans la compagnie, quoiqu’ils n’y fussent pas députés[1]. Cette résolu-

  1. L’assemblée de 1645 travailla encore pour le rétablissement de l’évêque de Léon, de la maison de Rieux, qui avoit été privé de son évêché en 1635, pour avoir suivi la Reine mère en Flandre. L’affaire étoit difficile, parce que M. Cupif, qui avoit été mis en sa place, étoit sacré il y avoit long-temps, et en étoit en possession. Mais M. de Léon fut rétabli en 1648, au moyen de l’évêché de Dol, qui fut donné à M. Cupif ; et ainsi l’histoire fut finie.

    Le jugement donne contre l’évêque de Léon tenoit tant au cœur de messieurs du clergé, qu’ils en parlèrent encore dans l’assemblée de 1650, où l’on résolut un acte de protestation contre cette procédure, qui fut signifié à M. le nonce le 25 novembre dudit an. Ils prétendoient dans cet acte que le jugement des évêques appartient au concile provincial, sauf à appeler les évêques des provinces voisines, si les évêques de la province n’étoient pas en assez grand nombre, sauf l’appel au Pape. Il y a un petit mot, dans l’acte de signification, qu’on pourroit s’être abstenu d’y mettre : car parmi les qualités de M. le nonce, on le qualifie nonce de Sa Sainteté vers le roi et le royaume de France : comme si le royaume de France étoit quelque chose qui fît un corps à part séparé du Roi, au lieu que le Roi et le royaume ne sont point distingués, toute l’autorité résidant dans la personne du Roi. Je sais bien que dans son pouvoir il est ainsi qualifié par le Pape ; mais nous ne sommes obligés de reconnoître le nonce que comme ambassadeur du Pape, en qualité de prince temporel, pour résider à la suite de la cour comme les autres ambassadeurs