Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/17

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Apès la mort de Louis XIII, il parut, comme tous ceux qui avoient été opposés à Richelieu, professer le dévoûment le plus sincère pour la régente Anne d’Autriche, qui avoit eu aussi à se plaindre de ce ministre. La princesse, éblouie de ses talens, et faisant trop peu d’attention à ses vices, lui donna la coadjutererie de Paris : démarche dont elle ne tarda pas à se repentir. Le nouveau coadjuteur reçut ses bulles le 29 octobre 1643 : il eut le titre d’évêque de Corinthe, et il lui fallut faire une retraite avant d’être sacré. Il choisit la maison de Saint-Lazarre, où le pieux Vincent de Paul, son ancien précepteur, avoit établi une congrégation de missionnaires ; et au lieu de se livrer aux méditations que sa position exigeoit, il pensa beaucoup à la conduite extérieure qu’il lui convenoit désormais de tenir. Il s’agissoit de concilier la dépravation de ses mœurs avec les augustes fonctions dont il alloit être chargé. « Je pris, dit-il, après six jours de réflexions, le parti de faire le mal par dessein : ce qui est sans comparaison le plus criminel devant Dieu, mais ce qui est sans doute le plus sage devant le monde, parce qu’en le faisant ainsi l’on y met toujours des préalables qui en couvrent une partie, et parce que l’on évite par ce moyen le plus dangereux ridicule qui se puisse rencontrer dans notre profession, qui est celui de mêler à contretemps le péché dans la dévotion. »

Quelques jours après son sacre il monta en chaire dans la métropole, et prêcha l’avent. Ses sermons attirèrent la multitude, et produisirent la plus grande sensation. Ils se distinguoient par une diction nerveuse, vive et serrée : on n’y voyoit point de ces