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du coadjuteur avoient répandu dans l’assemblée du clergé beaucoup d’aigreur contre le cardinal Mazarin, et que ce ministre avoit été obligé de prendre des mesures pour accélérer le moment de sa séparation. Le discours eut d’ailleurs l’effet que s’étoit promis celui qui l’avoit composé : tout le monde en admira la force et la hardiesse ; il augmenta le nombre de ceux qui commençoient à déclamer contre le ministre ; et l’on vit dans l’orateur un homme capable de faire de grandes choses, s’il arrivoit que les mécontentemens particuliers prissent le caractère d’une opposition générale.

Au reste, on doit peu s’étonner de l’engouement que firent naître ces remontrances, si l’on réfléchit que le style du coadjuteur avoit pour les contemporains un attrait tout nouveau ; que l’éloquence française, modelée alors sur les productions de Balzac, n’offroit en général que des périodes froides et compassées ; et que les Provinciales, qui donnèrent à notre prose la vivacité, la vigueur et la précision dont elle étoit presque dépourvue, ne furent publiées que plus de dix ans après.

Pendant les trois années qui suivirent, le coadjuteur ne négligea rien pour entretenir la bonne opinion que le public avoit conçue de lui. Ses désordres étoient cachés, et ce qu’il pouvoit faire d’honorable étoit vanté avec ostentation. Enfin, au commencement de 1648, les affaires prirent une tournure qui sembla devoir réaliser les espérances qu’il nourrissoit depuis si long-temps. Quelques mesures fiscales que nécessitoit la continuation de la guerre excitèrent une rumeur universelle. Le parlement de Paris et les autres