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[1649] MÉMOIRES

générales ; permettez-moi, s’il vous plaît, de les appliquer au fait particulier. Si le parlement travaille à la ruine de l’État, ce n’est pas qu’il ait intention de le ruiner. Nul n’a plus d’intérêt au maintien de l’autorité royale que les officiers : tout le monde en convient. Il faut donc reconnoître de bonne foi que lorsque les compagnies souveraines font du mal, ce n’est que parce qu’elles ne savent pas bien faire le bien même qu’elles veulent. La capacité d’un ministre qui sait ménager les particuliers et les corps les tient dans l’équilibre où elles doivent être naturellement, et dans lequel elles réussissent, par un mouvement qui balance ce qui est de l’autorité des princes et de l’obéissance des peuples. L’ignorance de celui qui gouverne aujourd’hui ne lui laisse ni assez de vue ni assez de force pour régler les poids de cette horloge. Les ressorts en sont mêlés : ce qui n’étoit que pour modérer le mouvement veut le faire, et je conviens qu’il le fait mal, parce qu’il n’est pas lui-même fait pour cela : voilà où gît le défaut de notre machine. Votre Altesse veut la redresser, et avec d’autant plus de raison qu’il n’y a qu’elle qui en soit capable ; mais pour la redresser, faut-il se joindre à ceux qui la veulent rompre ? Vous convenez des disparates du cardinal, vous convenez qu’il ne pense qu’à établir en France l’autorité qu’il n’a jamais connue qu’en Italie. S’il y pouvoit réussir, seroit-ce le compte de l’État, selon ses bonnes et véritables maximes ? Seroit-ce celui des princes du sang en tout sens ? Mais de plus est-il en état d’y réussir ? N’est-il pas accablé de la haine et du mé-