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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

qu’il n’y a qu’elle qui y puisse remédier. L’on peut dire que la Reine partage la haine que l’on a pour le cardinal, et que Monsieur partage le mépris que l’on a puar La Rivière. Si vous entrez par complaisance dans leurs pensées, vous entrerez en part de la haine publique. Vous êtes au dessus du mépris ; mais la crainte que l’on aura de vous prendra sa place ; et cette crainte empoisonnera si cruellement et la haine que l’on aura pour vous et le mépris que l’on a déjà pour les autres, que ce qui n’est présentement qu’une plaie dangereuse à l’État lui deviendra peut-être mortelle, et pourra mêler dans la suite de la révolution le désespoir du retour, qui est toujours en ces matières le dernier et le plus dangereux symptôme de la maladie. Je n’ignore pas les justes raisons qu’a Votre Altesse d’appréhender les manières d’un corps composé de plus de deux cents têtes, et qui n’est capable ni de gouverner ni d’être gouverné. Cet embarras est grand ; mais j’ose soutenir qu’il n’est pas insurmontable, et qu’il n’est pas même difficile à démêler dans la conjoncture présente par des circonstances particulières. Quand le parti seroit formé, quand vous seriez à la tête de l’armée, quand les manifestes auroient été publiés, quand enfin vous seriez déclaré général d’un parti dans lequel le parlement seroit entré ; auriez-vous, monsieur, plus de peine à soutenir ce poids que messieurs votre aïeul et basaïeul n’en ont eu à s’accommoder au caprice des ministres de La Rochelle, et des maires de Nîmes et de Montauban ? Et Votre Altesse trouveroit-elle plus de difficulté à ménager le parlement de Paris, que