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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

cour, vous aimez mieux le cabinet que la faction : ne trouvez donc pas mauvais que des gens, qui ne vous voient que dans ce jour, ne mesurent pas toutes leurs démarches selon qu’il vous conviendroit. C’est à vous à mesurer les vôtres avec les leurs, parce qu’elles sont publiques ; et vous le pouvez, parce que le cardinal, accablé par la haine publique, est trop foible pour vous obliger malgré vous à l’éclat et aux ruptures prématurées. La Rivière, qui gouverne Monsieur, est l’homme du monde le plus timide. Continuez à témoigner que vous cherchez à adoucir les choses, et laissez-les agir selon votre premier plan : un peu plus ou un peu moins de chaleur dans le parlement doit-il être capable de vous le faire changer ? De quoi y va-t-il enfin en ce plus et en ce moins ? Le pis est que la Reine croie que vous n’embrassez pas avec assez de chaleur ses intérêts : n’y a-t-il pas des moyens pour suppléer à cet inconvénient ? n’y a-t-il pas des apparences à donner ? n’y a-t-il pas même de l’effectif. ? Enfin, monsieur, je supplie très-humblement Votre Altesse de me permettre de lui dire que jamais projet n’a été si beau, si innocent, si saint, si nécessaire que celui qu’elle a fait ; et que jamais raisons n’ont été, au moins à mon opinion, si foibles que celles qui l’empêchent de l’exécuter, La moins forte de celles qui vous y portent, ou plutôt qui vous y devroient porter, est que si le cardinal Mazarin ne réussit pas dans les siens, il vous peut entraîner dans sa ruine ; et que s’il y réussit, il se servira pour vous perdre de tout ce que vous aurez fait pour l’élever. »