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[1649] MÉMOIRES

Roi à Paris. La ville députa aussi au même effet. Comme la cour étoit encore persuadée que le parlement mourroit, parce qu’elle n’avoit pas encore reçu la nouvelle de l’arrêt, elle répondit très-fièrement à ces députations. M. le prince s’emporta même beaucoup contre le parlement devant la Reine, en parlant à Amelot, premier président de la cour des aides ; et la Reine répondit à tous ces corps qu’elle ne rentreroit jamais à Paris, ni le Roi ni elle, que le parlement n’en fût dehors.

Le lendemain au matin, qui fut le 9 de janvier, la ville reçut une lettre du Roi, par laquelle il lui étoit commandé de faire obéir le parlement, et de l’obliger de se rendre à Montargis. M. de Montbazon, assisté de Fournier, premier échevin, et de quatre conseillers de ville, apportèrent la lettre au parlement ; et ils lui protestèrent en même temps de ne recevoir d’autres ordres que ceux de la compagnie, qui fit ce même matin-là le fonds nécessaire pour faire la levée des troupes. L’après-dînée on tint la police générale, dans laquelle tous les corps de la ville, et tous les colonels et capitaines des quartiers, jurèrent une union pour la défense commune. Vous avez sujet de croire que j’en avois moi-même d’être satisfait de l’état des choses, qui ne me permettoient plus de craindre d’être abandonné ; et vous en serez peut-être bien plus persuadée quand je vous aurai dit que le marquis de Noirmoutier m’assura, dès le lendemain qu’il fut arrivé à Saint-Germain, que M. le prince de Conti et M. de Longueville étoient très-bien disposés ; et qu’ils eussent déjà été à Paris, s’ils n’eussent cru mieux assurer leur sortie de la cour, en s’y montrant durant quelques