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[1649] MÉMOIRES

à Paris. Il m’a juré plus de dix fois, depuis le pont de Neuilly où je l’ai rencontré Jusqu’à la Croix du Tiroir où je l’ai laissé, qu’il feroit bien mieux que monsieur son cousin de Mayenne ne fit à la Ligue. »

Jugez, s’il vous plaît, de ma peine ! Je n’osois m’ouvrir à qui que ce soit que j’attendois M. le prince de Conti et M. de Longueville, de peur de les faire arrêter à Saint-Germain. Je voyois un prince de la maison de Lorraine, dont le nom est toujours agréable à Paris, prêt à se déclarer et à être déclaré certainement général des troupes, qui n’avoient point de général, et qui en avoient un besoin pressant. Je savois que le maréchal de La Mothe, qui se défioit toujours de l’irrésolution naturelle à M. de Longueville, ne feroit pas un pas qu’il ne le vît ; et je ne pouvois douter que M. de Bouillon n’ajoutât encore la présence de M. d’Elbœuf, très-suspecte à tous ceux qui le connoissoient sur le chapitre de la probité, aux motifs qu’il trouvoit pour ne point agir dans l’absence de M. le prince de Conti. De remède, je n’en voyois point : le prévôt des marchands étoit dans le fond du cœur passionné pour la cour, et je ne le pouvois ignerer ; le premier président n’en étoit point esclave comme l’autre, mais l’intention certainement y étoit ; et de plus, quand j’eusse été aussi assuré d’eux que de moi-même, que leur eussé-je pu proposer dans une conjoncture où les peuples enragés ne pouvoient point ne pas s’attacher au premier objet, et où ils eussent pris pour mensonge et pour trahison tout ce qu’on leur eût dit, au moins publiquement, contre un prince qui n’avoit rien de grand de ses prédécesseurs que les manières de l’affabilité, qui étoient