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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

vous imaginer le poids de ces circonstances, et vous ne pouvez concevoir l’effet qu’elles firent dans le peuple.

Nous sortîmes ensemble de chez Prudhomme pour aller voir M. le prince de Conti. Nous nous mîmes en même portière ; nous nous arrêtâmes dans la rue Saint-Denis et dans la rue Saint-Martin. Je nommai, je louai et je montrai M. de Beaufort. Le feu prit en moins d’un instant. Toutes les femmes le baisèrent, et nous eûmes sans exagération, à cause de la foule, peine de passer jusqu’à l’hôtel-de-ville. Il présenta le lendemain requête au parlement, par laquelle il demandoit d’être reçu à se justifier de l’accusation intentée contre lui d’avoir entrepris contre la personne du cardinal : ce qui fut accordé et exécuté le jour d’après.

Messieurs de Luynes et de Vitry arrivèrent dans le même temps à Paris pour entrer dans le parti ; et le parlement donna ce fameux arrêt, par lequel il ordonna que tous les deniers royaux étant dans toutes les recettes générales et particulières du royaume, seroient saisis et employés à la défense commune.

M. le prince établit de sa part ses quartiers : il posta le maréchal Du Plessis à Saint-Denis, le maréchal de Gramont à Saint-Cloud, et Palluau, qui a été depuis le maréchal de Clérambault, à Sèvres. L’activité naturelle à M. le prince fut encore merveilleusement allumée par la colère qu’il eut de la déclaration de M. le prince de Conti et de M. de Longueville, qui avoient jeté la cour dans une défiance si grande de ses intérêts, que le cardinal ne doutant point d’abord qu’il ne fût de concert avec eux, fut sur le point de quitter la