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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

veille, fut tué malheureusement en cette petite occasion. Le premier février, M. d’Elbœuf mit garnison dans Brie-Comte-Robert, pour favoriser le passage des vivres qui venoient de la Brie.

Le premier février du même mois, Talon, l’un des avocats généraux, proposa au parlement de faire quelques pas de respect et de soumission envers la Reine, et sa proposition fut appuyée par monsieur le premier président et par M. le président de Mesmes. Mais elle fut rejetée de toute la compagnie, même avec un fort grand bruit, parce qu’on la crut avoir été faite de concert avec la cour. Je ne le crois pas ; mais j’avoue que le temps de la faire n’étoit pas pris dans les règles de la bienséance. Aucun des généraux n’y étoit présent, et je m’y opposai fortement par cette raison.

Le soir du même jour, Clanleu, que nous avions mis dans Charenton avec trois mille hommes, eut avis que M. d’Orléans et M. le prince marchoient à lui avec sept mille hommes de pied, quatre mille chevaux et du canon. Je reçus en même temps un billet de Saint-Germain qui portoit la même nouvelle.

M. de Bouillon, qui étoit au lit attaqué de la goutte, ne croyant pas la place tenable, fut d’avis d’en retirer les troupes, et de garder seulement le milieu du pont. M. d’Elbœuf qui aimoit Clanleu, et qui croyoit qu’il lui feroit acquérir de l’honneur à bon marché, parce qu’il ne se persuadoit pas que l’avis fût véritable, ne fut pas de ce sentiment. M. de Beaufort se piqua de bravoure ; le maréchal de La Mothe crut, à ce qu’il m’avoua depuis, que M. le prince ne hasarderoit pas cette attaque à la vue de nos troupes, qui se pouvoient