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cardinal étoit cependant l’objet de son ambition ; mais craignant, peut-être avec raison, que l’offre qu’on lui en faisoit ne fût pas sincère, il ajournoit ses prétentions jusqu’à ce qu’il se fût assuré des dispositions du Pape. Conformément à ce traité, qui donnoit à l’autorité l’assistance d’un parti puissant, les princes furent arrêtés au Palais-Royal le 18 janvier 1650.

Cette arrestation entraîna la disgrâce de l’abbé de La Rivière, qui avoit beaucoup d’empire sur Gaston oncle du Roi, et qui étoit accusé de favoriser les desseins du prince de Condé. Gaston, sous le dernier règne, s’étoit trouvé souvent compromis dans des intrigues politiques : il avoit, à diverses reprises, été obligé de sortir du royaume, et son caractère foible et indécis avoit presque toujours entraîné la perte des hommes assez imprudens pour servir ses projets ambitieux. Depuis la régence, sa conduite paroissoit beaucoup plus sage ; il demeuroit fidèle à la Reine, mais il étoit assez fréquemment tenté de profiter des désordres pour s’emparer du pouvoir. Le coadjuteur fut alors admis dans son intimité, et succéda bientôt à la faveur de l’abbé de La Rivière. Dès cette époque la fidélité du prince fut douteuse, et il ne tarda pas à s’embarquer dans des entreprises qui dévoient par la suite causer sa ruine.

Cependant le coadjuteur s’étoit placé dans une situation fausse, soit à l’égard de la cour, soit à l’égard des frondeurs. Il servoit Mazarin, quoiqu’il affectât en public de le décrier ; et ne pouvant ni acquérir la confiance de ce ministre, ni conserver celle du parti qui vouloit le renverser, il perdoit chaque jour