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[1649] MÉMOIRES

défiance au parlement, madame de Bouillon, qui étoit transportée de joie de tant de bonnes nouvelles, ne faisoit plus aucunes réflexions sur ce que nous disions. Monsieur son mari se tourna vers moi, et il me dit presque en colère, parce qu’il prit garde que ce que je venois d’apprendre de M. de Turenne m’avoit touché et distrait : « Je le pardonne à ma femme, mais je ne vous le pardonne pas. Le vieux prince d’Orange disoit que le moment où l’on reçoit les plus heureuses nouvelles étoit celui où il falloit redoubler son attention pour les petites. »

Le 24 de ce mois de février, les députés du parlement, qui avoient reçu leurs passeports la veille, partirent pour aller rendre compte à la Reine de l’audience accordée à l’envoyé de l’archiduc. La cour ne manqua pas de se servir de cette occasion pour entrer en traité. Quoiqu’elle ne traitât pas dans ses passeports les députés de présidens et de conseillers, elle ne les traita pas aussi de gens qui l’eussent été et qui en fussent déchus, les nommant simplement par leurs noms ordinaires. La Reine dit aux députés qu’ils ne devoient point avoir entendu l’envoyé, mais que c’étoit une chose faite ; qu’il falloit songer à une bonne paix ; qu’elle y étoit très-disposée ; que M. le chancelier étant malade depuis quelques jours, elle donneroit dès le lendemain une réponse plus ample par écrit. M. d’Orléans et M. le prince s’expliquèrent encore plus positivement, et promirent aux députés, qui eurent avec eux des conférences très-longues, de déboucher tous les passages, aussitôt que le parlement auroit nommé des députés pour traiter.

Le même jour, nous eûmes avis que M. le prince