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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

disant à madame de Bouillon : « Ne convenez-vous pas, madame, que nous prendrons des mesures plus certaines quand nos troupes seront hors de Paris, quand nous aurons la réponse de l’archiduc, et quand la déclaration de M. de Turenne sera publique ? — Oui, me repartit-elle ; mais le parlement fera demain des pas qui rendront tous les préalables que vous attendez fort inutiles. — Non, madame, lui répondis-je ; je soutiens que, quelques pas qu’il fasse, nous demeurerons en état, pourvu que ces préalables réussissent, de nous moquer du parlement. — Me le promettez-vous, reprit-elle ? — Je m’y engage de plus, lui dis-je, et je vous le vais a signer de mon sang. — Vous l’en signerez tout-à-l’heure, s’écria-t-elle. » Elle me lia le pouce avec de la soie, quoi que son mari lui pût dire ; elle m’en tira du sang avec le bout d’une aiguille, et elle m’en fit signer un billet de cette teneur : « Je promets à madame la duchesse de Bouillon de demeurer uni avec monsieur son mari contre le parlement, en cas que M. de Turenne s’approche avec l’armée qu’il commande à vingt lieues de Paris, et qu’il se déclare pour la ville. » M. de Bouillon jeta cette belle promesse dans le feu ; mais il se joignit avec moi pour faire connoître à sa femme que si nos préalables réussissoient, nous demeurerions sur nos pieds, quoi que pût faire le parlement ; et que s’ils ne réussissoient point, nous aurions la joie de n’avoir pas causé une confusion où la honte et la ruine m’étoient infaillibles, et où l’avantage de la maison de Bouillon étoit fort problématique.

Comme la conversation finissoit, je reçus un billet