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Guyenne, où il comptoit un grand nombre de partisans.

La cour, ayant envoyé contre lui une armée composée de vieilles troupes, se rendit à Poitiers pour mieux diriger cette guerre ; et le coadjuteur resta dans Paris avec Gaston, qui fut chargé de contenir cette grande ville. Sa situation devint encore plus fausse et plus difficile qu’à l’époque de la prison des princes : destin inévitable des hommes qui ne prennent part aux affaires publiques qu’avec un esprit d’intrigue et de faction. Condé ne faisoit la guerre que pour s’opposer au retour de Mazarin, qui, du lieu de son exil, continuoit de diriger le gouvernement ; et le coadjuteur, obligé de se déclarer contre ce prince, ne pouvoit concilier une telle conduite avec l’opinion qu’il vouloit qu’on eût que sa haine contre le ministre étoit à l’abri de toutes les espèces de séductions. Il en résultoit que ses discours au parlement étoient vagues et embarrassés, que son éloquence sembloit l’avoir abandonné, et qu’il ne pouvoit échapper aux défiances trop fondées des hommes de toutes les opinions.

Fatigué d’une inaction si contraire à son génie, il conçut l’idée de former un tiers parti, dans lequel il se flattoit de pouvoir entraîner tous les parlemens, et qui, sans prendre les armes, seroit également opposé à Condé et à Mazarin. Ce plan, plus spécieux que solide, dernière ressource d’un esprit inquiet et remuant, ne fut point accueilli par Gaston.

Cependant les troupes du prince de Condé, presque toutes formées de nouvelles levées, ayant été constamment battues par l’armée royale, Mazarin crut