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[1649] MÉMOIRES

parlement ne fît la paix particulière d’un moment à l’autre ? Nous avions de quoi chicaner et retarder ses démarches ; mais comme nous n’avions pas encore de second courrier de M. de Turenne, dont le dessein nous étoit bien plus connu que le succès qu’il pouvoit avoir, et que d’ailleurs nous étions avertis qu’Antonville, qui commandoit la compagnie des gendarmes de M. de Longueville, et qui étoit son négociateur en titre d’office, avoit déjà fait un voyage secret à Saint-Germain, nous ne voyions pas de fondement assez solide pour y appuyer du côté de la France le projet que nous aurions pu faire de nous soutenir sans le parlement, ou plutôt contre le parlement.

M. de Bouillon y eût pu trouver son compte, mais j’observai qu’il se faisoit justice dans son intérêt : ce qui est une des qualités les plus rares ; et il répondit à madame de Bouillon, qui n’étoit pas sur cela si juste que lui : « Si je disposois, madame, du peuple de Paris, et que je trouvasse mes intérêts dans une conduite qui perdît M. le coadjuteur et M. de Beaufort, ce que je pourrois faire pour leur service, et ce que je devrois faire pour mon honneur, seroit d’accorder ce qui seroit de mon avantage avec ce qui pourroit empêcher leur ruine. Nous ne sommes pas en cet état, je ne puis rien dans le peuple : ils y peuvent tout. Il y a quatre jours qu’on ne vous dit autre chose, si ce n’est que leur intérêt n’est pas de s’employer pour assujettir le parlement ; et l’on vous le prouve en vous disant que l’on ne veut pas se charger chez la postérité de la honte d’avoir mis Paris entre les mains du roi d’Espagne, pour devenir lui-même l’aumônier du comte de Fuensaldagne ; et que l’autre