Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/405

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
403
DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

parce que nous y engagerions le parlement. Enfin je reconnus la main de l’ouvrier ; et je vis bien que ces raisens jointes à l’ordre qu’ils avoient de se rapporter à lui de toutes choses, l’emporteroient de bien loin sur tout ce que je pourrois dire au contraire. Je ne m’ouvris point à eux par cette considération.

J’allai entre minuit et une heure chez le président de Bellièvre pour le mener chez Croissy, afin d’être moins interrompus. Je leur exposai l’état des choses. Ils furent tous deux sans hésiter de mon sentiment : ils crurent que le contraire nous perdroit infailliblement, et ils convinrent qu’il falloit toutefois s’y accommoder pour le présent, parce que nous dépendions absolument des Espagnols et de M. de Turenne, qui n’avoient encore de mouvemens que ceux qui leur étoient inspirés par M. de Bouillon, Ils voulurent espérer que nous obligerions M. de Bouillon dans le conseil du lendemain à revenir à notre sentiment, ou que nous le persuaderions nous-mêmes à M. de Turenne quand à nous auroit joints : mais je me flattai d’autant moins de cette espérance, que ce que je craignois le plus de cette conduite pouvoit très-naturellement arriver avant que M. de Turenne pût être à nous. Croissy, qui avoit un esprit d’expédiens, me dit : « Vous avez raison ; mais voici une pensée qui me vient. Dans le traité préliminaire que M. de Bouillon veut qu’on signe avec les envoyés, y signerez-vous ? — Non, lui répondis-je. — Eh bien ! reprit-il, prenez cette occasion pour faire entendre à ces envoyés les raisons que vous avez de ne pas signer. Ces raisons sont les mêmes qui feroient voir à Fuensaldagne, s’il étoit ici, que le véritable inté-