Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/51

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par Servien les propositions les plus séduisantes. On lui offrit l’ambassade de Rome, cinquante mille écus de traitement, cent mille écus pour payer ses dettes, et une somme considérable destinée à son établissement : on lui promit en outre que sa mission ne dureroit que trois ans, au bout desquels il pourroit revenir dans la capitale. Retz, qui vouloit demeurer à la tête d’un parti, exigea que tous ses amis fussent récompensés, soit par des gouvernemens, soit par des dignités, soit par de fortes gratifications. La cour ne pouvoit souscrire à des prétentions qui auroient rendu à la faction toute sa force ; aussi la négociation fut-elle rompue, et le prélat perdit pour jamais l’occasion de sortir des troubles avec honneur et avantage.

Le prince de Condé s’étant mis ouvertement au service d’une puissance ennemie, le Roi alla, le 13 novembre, tenir au parlement un lit de justice, pour faire enregistrer une déclaration qui constituoit ce prince criminel de lèse-majesté. La Reine auroit désiré que Retz se trouvât à cette séance ; mais il lui fit présenter ses excuses, en disant que la délicatesse ne lui permettoit pas de voter contre un prince dont il avoit été l’ennemi : réponse où l’on crut trouver la preuve qu’il étoit loin d’avoir renoncé à ses projets séditieux. Dès ce moment il fut décidé qu’on l’arrêteroit ; l’avis lui en fut donné, et il affecta de ne plus paroître qu’avec une escorte nombreuse. Cette vaine bravade, qui ne l’auroit probablement pas préservé du sort dont il étoit menacé, ne servit qu’à augmenter la juste indignation de la Reine.

Pour se relever aux yeux de la saine partie du public, il résolut de prêcher pendant l’avent dans les