Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

long-temps poussé par messieurs de Port-Royal.

Voyant qu’il ne pouvoit plus compter sur l’appui du Pape, il quitta Rome dans le mois de juillet 1656, et partit pour Besançon, où il se trouva au pouvoir des Espagnols, qui étoient en guerre avec la France. Dans ce moment le jansénisme obtenoit un triomphe aussi brillant que passager par la publication des Provinciales, qui excitoient l’admiration de toutes les classes de lecteurs. Messieurs de Port-Royal se flattant de pouvoir tirer un grand parti de la position du cardinal de Retz, lui adressèrent des instructions contenant le plan de conduite qu’il devoit suivre. Sans réfléchir à tous les scandales qu’il avoit donnés, ils lui proposèrent l’exemple des anciens évêques qui, au temps des persécutions, s’étoient cachés dans les déserts et dans les cavernes, et lui firent espérer qu’avec une apparence de sainteté il recouvreroit la popularité dont il avoit joui autrefois.

Ces conseils lui arrivèrent au moment où des mesures étoient prises pour le faire arrêter à Besançon. Il quitta brusquement cette ville, changea de nom, et résolut de se dérober à tous les regards, puisque ses amis pensoient que c’étoit un moyen d’acquérir une grande réputation dans le monde. « Mais dans son cœur, observe malignement Joly, il ne se preposoit de se tenir caché que d’une manière et dans un esprit tout différent. » En effet on le vit pendant plusieurs années errer de ville en ville, se plaire à la vie peu décente des hôtelleries, et négliger ses affaires les plus importantes pour se livrer à un libertinage obscur. Ses amis de Paris lui assuroient huit mille écus par an : somme suffisante, s’il eût pu prendre