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DU CARDINAL DE RETZ.

turel et par sa faveur, l’homme du monde le plus impérieux, il trouva fort mauvais qu’on ne l’aimât pas. Il s’en plaignit, l’on n’en fut point touchée ; il menaça, l’on s’en moqua. Il crut le pouvoir, parce que M. le cardinal, auquel il avoit dit rage contre madame de Guémené, avoit enfin obligé M. de Brezé à lui mettre entre les mains les lettres écrites à M. de Montmorency, desquelles je vous ai tantôt parlé ; et il les avoit données au grand-maître, qui, dans les secondes menaces, en laissa échapper quelque chose à madame de Guémené. Elle ne s’en moqua plus, mais elle faillit à enrager. Elle tomba dans une mélancolie qui n’est pas imaginable, tellement que l’on ne la reconnoissoit point. Elle s’en alla à Couperay, où elle ne voulut voir personne.

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Dès que j’eus pris la résolution de me mettre à l’étude, j’y pris aussi celle de reprendre les erremens de M. le cardinal de Richelieu ; et quoique mes proches même s’y opposassent, dans l’opinion que cette matière n’étoit bonne que pour des pédans, je suivis mon dessein ; j’entrepris la carrière, et je l’ouvris avec succès. Elle a été remplie depuis par toutes les personnes de qualité de la même profession ; mais comme je fus le premier depuis M. le cardinal de Richelieu, ma pensée lui plut ; et cela, joint aux bons offices que M. le grand-maître me rendoit tous les jours auprès de lui, fit qu’il parla avantageusement de moi en deux ou trois occasions ; qu’il témoigna un étonnement obligeant de ce que je ne lui avois jamais fait la cour, et qu’il ordonna même à M. de Lingendes[1],

  1. M. de Lingendes : Jean. Il fut précepteur du comte de Moret, fils