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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

ayant entrepris de le faire opiner de force pour l’union avec les princes, il arma les jurats, qui la firent retirer à coups de mousquet. Cette résistance du parlement de Bordeaux a été traitée de simulée par presque tout le monde : mais elle m’a été confirmée pour véritable et pour très-sincère par M. de Bouillon, qui m’a dit plusieurs fois depuis que si la cour n’eût point poussé les choses, on eût eu de la peine à les porter à l’extrémité. Ce qu’il y a de certain est qu’on crut à la cour que tout ce que faisoit ce parlement n’étoit que grimace ; qu’au retour de Compiègne, où le Roi étoit allé dans le temps du siège de Guise, pour donner par sa présence de la vigueur à l’armée commandée par le maréchal Du Plessis-Praslin, on résolut d’aller en Guienne ; que ceux qui en représentèrent les conséquences passèrent pour des factieux qui ne vouloient pas que l’on fît un exemple de leurs semblables, et qui avoient correspondance avec ceux de Bordeaux ; que tout ce que l’on dit des suites prochaines et des influences immédiates que ce voyage auroit dans le parlement de Paris passa pour fable, ou au moins pour une prédiction du mal que l’on vouloit faire, et auquel on ne pourroit pas réussir ; et que quand Monsieur s’offrit d’aller lui-même travailler à l’accommodement, pourvu qu’on lui donnât parole de révoquer M. d’Epernon, on lui dit, pour toute réponse, qu’il étoit de l’honneur du Roi de le maintenir dans son gouvernement.

Je vous ai déjà dit que la tendresse du cardinal pour moi ne dura pas long-temps. Senneterre, qui étoit de son naturel grand rhabilleur ne voulut pas laisser partir la cour sans mettre un peu d’onction