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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

Elle en fut en colère, et dit à M. de Beaufort tout ce qui lui pouvoit faire croire qu’on l’avoit joué. Il s’en plaignit à moi ; je m’en éclaircis avec lui devant elle : je lui tirai de ma proche les patentes de l’amirauté. Il m’embrassa : madame de Montbazon m’en baisa cinq ou six fois bien tendrement. Ainsi finit l’histoire.

M. le cardinal prit en gré de la renouveler deux ou trois jours avant qu’il partit pour Bordeaux. Il témoigna une merveilleuse amitié à madame de Montbazon, lui fit des confidences extraordinaires et, après de grands détours, tout aboutit à lui exagérer la douleur qu’il avoit eue d’avoir été obligé par les instances de madame de Chevreuse et du coadjuteur, à lui faire une finesse de la prison de messieurs les princes. M. de Beaufort, à qui le président de Bellièvre fit voir que cette fausse confidence du Mazarin n’étoit qu’un artifice, me dit, en présence de madame de Montbazon « Soyez alerte ; je gage qu’on se voudra bientôt servir de mademoiselle de Chevreuse pour nous brouiller. »

Le Roi partit pour la Guyenne dans les premiers jours de juillet ; et M. de Mazarin apprit, un peu avant son départ, que le bruit de son voyage avoit produit par avance tout ce qu’on lui avoit prédit ; que le parlement de Bordeaux avoit accordé l’union avec messieurs les princes, et qu’il avoit député vers le parlement de Paris ; que ce député avoit ordre de ne voir ni le Roi ni les ministres ; que messieurs de La Force[1] et de Saint-Simon[2] étoient sur le point de

  1. Armand Nompar de Caumont, duc de La Force, créé maréchal de France en ]652 et mort en 1675. (A. E.)
  2. Claude duc Saint-Simon, gouverneur de la ville, château et comte de Blaye, etc. Il avoit été favori