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[1650] MÉMOIRES

tifié, elle n’y tiendroit pas plus de deux cents hommes de pied et soixante chevaux ; que M. d’Epernon seroit révoqué du gouvernement de Guienne.

Madame la princesse vit le Roi et la Reine ; et dans cette entrevue il y eut de grandes conférences de messieurs de Bouillon et de La Rochefoucauld avec M. le cardinal. Ce qui obligea le cardinal au moins à ce que l’on a cru, à ne pas s’opiniâtrer à une réduction plus pleine et plus entière de Bordeaux, fut l’impatience extrême qu’il eut de revenir à Paris. Vous en allez voir les raisons.

Les coups de canon que l’on tira à Bordeaux avoient porté jusqu’à Paris avant même que l’on y eût mis le feu. Aussitôt que le Roi fut parti, Voisin, conseiller et député de ce parlement, demanda audience à celui de Paris. On pria Monsieur d’y venir prendre sa place ; et comme j’étois averti qu’il y avoit bien du feu à l’apparition de ce député, je dis à Monsieur que je croyois qu’il seroit à propos qu’il concertât avec M. le garde des sceaux et avec M. Le Tellier. Il les envoya quérir à l’heure même, et il me commanda de demeurer avec eux dans le cabinet. Le garde des sceaux ne put ou ne voulut pas concevoir que le parlement pût seulement songer à délibérer sur une proposition de cette nature. Je considérai sa sécurité comme une hauteur d’un ministre accoutumé au temps du cardinal de Richelieu mais vous verrez qu’elle avoit un autre principe. Quand je m’aperçus que M. Le Tellier, qui n’étoit plus en colère, parloit sur le même ton, je me modérai, je fis mine d’être ébranlé de ce que l’un et l’autre disoient ; et Monsieur, qui connoissoit mieux le terrain, s’en mettant