Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
149
DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

de l’ambassadeur résidoit à Paris pour la république de Venise, l’ayant suivi de fort près avec M. d’Avaux, et étant allés coucher à Nanteuil pour attendre de plus près les passeports qu’ils demandoient à l’archiduc. pour concerter en détail ce que don Gabriel de Tolède n’avoit touché que fort en général, ils eurent pour toute réponse que Son Altesse Impériale ayant assigné le lieu et le temps comme elle avoit fait, n’avoit rien à dire de nouveau ; que le mouvement des armes ne lui permettoit pas d’attendre plus long-temps que le dix-huitième ; qu’il n’étoit aucun besoin de médiateurs, et que toutes les fois que la conjoncture pourroit permettre de traiter de la paix, on y apporteroit toutes les facilités imaginables. Vous voyez que l’on ne peut sortir d’affaire, je ne dis pas plus malhonnêtement, mais encore plus grossièrement que les Espagnols en sortirent en cette occasion. Ils y agirent contre leurs intérêts, contre leur réputation et contre la bienséance ; et je n’ai jamais pu trouver personne qui m’en pût dire la raison. Cet événement est, à mon sens, un des plus rares et des plus extraordinaires de notre siècle.

En voici un d’une autre nature, qui n’est pas moindre. Le roi d’Angleterre, qui venoit de perdre la bataille de Worcester, arriva à Paris le propre jour du départ de don Gabriel de Tolède ; milord Taff lui servoit de grand chambellan, de valet de chambre, d’écuyer de cuisine, et de chef de gobelet. L’équipage étoit digne de la cour ; et il n’avoit pas changé de chemise depuis l’Angleterre. Milord Jermyn lui en donna une des siennes en arrivant. La Reine sa mère n’avoit pas assez d’argent pour lui donner de quoi en