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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

trompettes à Bordeaux et deux courriers, pour y proposer la cessation d’armes pour dix jours ; que huit de ces jours étant écoulés avant qu’il pût être à Bordeaux pour avoir la réponse, ceux de ce parlement avoient désiré que cette cessation d’armes ne fût comptée que du jour que Coudray-Montpensier retourneroit à Bordeaux, du voyage qu’il étoit prié de faire à Libourne, pour obtenir du Roi cette prolongation. Il rapporta encore qu’ayant jugé cette condition raisonnable, il étoit sorti de la ville pour la venir proposer à la cour mais qu’étant à moitié chemin, il avoit reçu un ordre du Roi de renvoyer l’escorte et le tambour de M. de Bouillon ; que le lendemain, comme lui et ceux de la ville s’attendoient à une réponse favorable, ils avoient vu paroître le maréchal de La Meilleraye qui les croyoit surprendre, et qui étoit venu attaquer la Bastide, dont il avoit été repoussé. Voilà la vérité de la relation de Coudray-Montpensier. Je ne sais si le peu de commotion qu’elle causa dans les esprits le jour qu’il l’apporta à l’assemblée des chambres se doit attribuer aux couleurs dont nous la déguisâmes tout le soir de la veille chez Monsieur, ou à des influences bénignes et douces qui adoucissent en de certains jours, les esprits d’une compagnie. Je ne l’ai jamais vue plus modérée l’on ne nomma presque pas le cardinal, et on passa sans contestation à l’avis de Monsieur, qui avoit été concerté la veille avec M. Le Tellier. Cet avis fut d’envoyer deux députés de la compagnie et le Coudray-Montpensier à Bordeaux, savoir pour la dernière fois si le parlement vouloit la paix ou non ; et d’inviter même deux députés de Bordeaux d’y accompagner ceux de Paris.